Il faut être prudent, mais la prudence doit nous conduire au discernement, selon la parole de Saint Paul : « N'éteignez pas l'Esprit, ne dépréciez pas les dons ; mais vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le ; gardez-vous de toute espèce de mal » (1 Th 5, 19-22). Saint Paul lui-même, dans la lettre aux Corinthiens à laquelle j’avais déjà référé, fait allusion au charisme du parler en langue, qu’il considère comme le plus petit des dons, bien qu’il le pratique abondamment : « Je voudrais, certes, que vous parliez tous en langues, mais plus encore que vous prophétisiez ; car celui qui prophétise l'emporte sur celui qui parle en langues, à moins que ce dernier n'interprète, pour que l'assemblée en tire édification » (1 Co 14, 5) ; « Je rends grâces à Dieu de ce que je parle en langues plus que vous tous ; mais dans l'assemblée, j'aime mieux dire cinq paroles avec mon intelligence, pour instruire aussi les autres, que dix mille en langue » (1 Co 14, 18-19).
Il s’agit donc d’un charisme bien connu des premières communautés, et auquel Saint Augustin fait encore explicitement allusion - comme à bien d’autres d’ailleurs – au 4ème s. Ne jetons donc pas l’enfant avec l’eau du bain. Certes le chant ou le parler en langue est à discerner, mais pas à rejeter à priori.
De même en ce qui concerne le fameux « repos dans l’Esprit » (merci de lire ce qui est déjà écrit sur le thème que vous voulez aborder avant de poser votre question !

) : certes ce n’est pas parce qu’une personne « tombe » au cours d’une prière charismatique que c’est forcément l’Esprit qui agit : la psychologie humaine est bien assez complexe pour susciter de tels phénomènes, sans parler des éventuelles contrefaçons de l’Ennemi. Ceci dit, je répète avec Saint Paul : « N'éteignez pas l'Esprit, ne dépréciez pas les dons ; mais vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le ; gardez-vous de toute espèce de mal ».
J’ajoute cependant que tout cela n’est pas l’essentiel du christianisme ! Si ces phénomènes prennent la première place, le discernement est facilité, et n’est pas positif. Car il ne faut pas confondre les éventuels dons de Dieu avec le Dieu qui nous appelle à travers ses dons. Il y a objectivement aujourd’hui une gourmandise spirituelle ou plutôt une recherche du merveilleux qui m’inquiète et qui ne vient pas de l’Esprit Saint. C’est bien pourquoi il faut redoubler de vigilance dans le discernement en matière de dons extraordinaires ou de charismes, sans pour autant avoir d’a priori négatifs.
Quant aux gens fragiles psychologiquement, il y en a de plus en plus, et pas seulement dans les groupes charismatiques - qui en drainent cependant un bon nombre. Mais en général, il n’est pas trop difficile de les identifier et de les traiter avec la miséricorde et la compassion qui s’imposent.