Dieu en ' Soi '

régis

Re: Dieu en ' Soi '

Message par régis »

J’ai assisté à une conférence de Yannick de Souzenelle, sur le symbolisme du corps humain, et bien sûr pour elle il ne fait aucun doute que créé à la ressemblance de Dieu, l’homme possède cette étincelle du divin qui ne demande qu’à nous ‘embraser’…
J’ai entendu l’autre jour, je ne sais où, quelqu’un dire que Dieu était le levain, et non pas la pâte que nous sommes… Mais quand la pâte est levée, essayez d’en distinguer le levain du reste.. !
Difficile dans le catholicisme de trouver sa place dans la vie d’une paroisse, d’y rencontrer ce ‘ maître ‘ spirituel qui nous manque ; je le reconnais en certaines personnes, comme A. de Souzenelle, avec cette qualité particulière qui fait que l’appréhension du spirituel qu’elle partage avec ses auditeurs, est de l’ordre du mental, mais aussi concerne l’être tout entier : le corps ( chargé de sens ) , l’émotionnel ( avec la prise ne compte du vécu, du ressenti…)… Le contenu spirituel se retrouve mis en pratique…
Je suis allé passé q.q.jours dans un monastère, et l’un ( âgé) des deux moines que j’ai rencontré, à ma question sur la foi, m’a récité un credo exprimé de la même façon depuis 15 siècles : Jésus, homme et Dieu, mort pour nous sauver etc bla, bla… Mon esprit ne pouvait que divaguer m’interrogeant… si les mots gardaient au cours des siècles le même sens… Jésus venu me sauvait de quoi ?, le salut… ? ( je caricature)..Pourquoi ce discours n’a t-il aucune résonance en moi… ? Alors que sur les marges : Leloup, Besret, Souzenelle, Maurin… (et bien d’autres qu’il ne suffit pas de balayer d’une étiquette de ‘ new-âge’… çà ne convainc personne… ) savent trouver ( hélas, souvent hors église..) les paroles de vérité… un peu comme Jésus, qui a su renouveler le message de la tradition…
Nb/ Le Catéchisme officiel : « 1702 : "L'image divine est présente en chaque homme..." 1703 : "Dotée d'une âme "spirituelle et immortelle", la personne humaine est "la seule créature sur la terre que Dieu a voulue pour elle-même". Dès sa conception, elle est destinée à la béatitude éternelle. »…
Ne trouvez vous pas que l’article 1703, mériterait d’être traduit dans un langage du XXI ème siècle ?
Régis

Jean-Bernard

Re: Dieu en ' Soi '

Message par Jean-Bernard »

Il y a en toute approche spirituelle, la lettre et l'esprit, et c'est bien en ce sens que le Christ s'opposait si radicalement et si violemment aux pharisiens. Il pouvait même dire qu'Il n'était pas venu changer un iota de la Loi écrite car Il venait apporter Son Esprit, cad la grâce qui nous donne de vivre la réalité que contient l'écorce des mots à laquelle nous nous arrêtons trop souvent sans bien les connaître (=“naître avec") .
Dès les premières pages de la Bible, sont affirmés et la Puissance divine du Tout-Autre qui créé l'Unives et l'Amour du Tout-Autre pour l'homme qu'Il destine à une vocation (vocare=appeler) sublime.
Dire que la récitation du Credo qui contient en condensé mais avec tous les harmoniques possibles, comme la note fondamentale d'une tonalité, n'est que bla-bla-bla, pose vraiment question pour un chrétien.

bernard

Re: Dieu en ' l'autre '

Message par bernard »

"Dieu en soi", c'est peut être cette part d'humanité que certains cherchent à ôter à ceux qu'ils considèrent comme leurs ennemis.

Il suffit d'observer un enfant pour constater la part de Dieu en chaque être, ce besoin vital de donner et recevoir de l'amour .

Le rejet de l'étranger, quand il est poussé à son paroxisme , donne naissance à des horreurs telles que les camps de concentration, les élimination ethniques, l'exclusion des plus pauvres et des moins intelligents, la destruction morale ou physique de ceux qui sont différents.


Finalement,aujourd'hui, les "mals lotis" ne peuvent espérer que crever, vu ce complice de la déshumanisation qu'est l'indifférence .


Le rejet de l'autre, c'est déjà le rejet de Dieu .

ps: je trouve que ce qui se passe dans l'église de la nativité est symbolique de l'état de l'humanité au 20 ème siècle.
Certains, persuadés que "Dieu est en eux", commettent les pires des forfaits.

P. Joseph-Marie

Re: Dieu en ' Soi ' Textes

Message par P. Joseph-Marie »

Je voudrais laisser la parole à plus grand et plus sage que moi:
« Entre la divinisation de la matière et sa sécularisation, il existe, nous explique le card. von Balthasar, une troisième voie, médiane, que seul le chrétien connaît, parce qu’elle tient sa mesure de l’Incarnation et, si l’on peut dire, de la tendance “incarnatrice” de Dieu. Dieu est Esprit et, libre de toute évolution, il choisit le chemin descendant de la matière, non seulement pour y rencontrer l’homme de l’intérieur et s’unir intégralement à lui, mais aussi pour lui montrer le sens total du salut qui gît, caché, au fond de la matière. En Jésus-Christ, Dieu a gravé son nom dans la matière. L’inscription est profonde, ineffaçable, parce que la matière l’a reçue comme matrice et mère, jusqu’au plus intime d’elle-même.
Ce fut certainement œuvre catholique, pour des générations chrétiennes, d’écrire leurs noms dans la pierre, en construisant d’immenses cathédrales dont la prodigieuse gratuité se moque de l’utilitarisme de l’homme moderne. Mais il serait plus catholique encore, pour les chrétiens d’aujourd’hui, remarque toujours le cardinal Balthasar de s’efforcer d’inscrire le Nom de Jésus dans la matière amorphe de la société humaine, même en courant le risque que sa surface agitée ne laisse rien voir de l’inscription. »
Cette inscription du Nom de Jésus au coeur du monde, se réalise en laissant l'Esprit écrire ce Nom en lettre de Feu dans nos coeurs, d'où il peut règner sur nos âmes et nos corps, et par eux sur la société des hommes et le monde de la nature dont nous sommes solidaire.

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P. Joseph-Marie

Re: Dieu en ' Soi '

Message par P. Joseph-Marie »

Je crois que vous touchez un problème - un défi ! - tout à fait central et permanent tout au long de l'histoire de l'Eglise : comment dire à chaque époque le message évangélique, dans un langage qui soit accessible et compréhensible pour les hommes de ce temps?
Car non seulement le sens des concepts évoluent, mais l'horizon interprétatif de nos contemporains n'est pas celui des hommes du 19ème siècle pour ne pas parler du Moyen Age voire des premières années du christianisme. Nous sommes "obligés" de tenir compte des précompréhensions de nos interlocuteurs, sans quoi nous courons le risque soit de n'être pas compris, soit de voir notre message "récupéré" dans un contexte qui n'est pas le sien.
Ne croyez pas que l'Eglise ne se soucie pas de ce problème: moi-même j'ai eu la chance de pouvoir participer il y a quelques années à un groupe de réflexion suscité par le Saint Père, dont la mission était précisément de réfléchir sur la manière de présenter la Bonne Nouvelle dans un langage de notre temps, sans l'édulcorer, mais au contraire en faisant apparaître davantage la spécificité de notre foi. Le nom de ce groupe qui rassemblait des spécialistes des principales disciplines était tout un programme: "Nova Spes" ! Il a hélas interrompu ses travaux à la mort de Christian Chabanis, à qui avait été confié la charge de le coordonner. Mais nul doute que d'autres groupes continuent leurs travaux. Peut-être faudrait-il accélérer le pas, mais la tâche n'est vraiment pas facile, et la précipitation serait tout aussi dommageable que l'excès de lenteur.

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Sylviane

Re: Dieu en ' Soi ' Textes

Message par Sylviane »

C'est un beau texte. Qui est le cardinal von Balthazar, un contemporain ?

Sylviane

P. Joseph-Marie

Re: Dieu en ' Soi ' Textes

Message par P. Joseph-Marie »

Hans Urs von Balthasar (1905-1988), écrivain suisse de langue allemande, fut l’un des plus éminents théologiens du catholicisme contemporain et l’un des meilleurs connaisseurs du patrimoine culturel de l’Occident. Le Saint Père l'a créé cardinal en reconnaissance de l'éminence de ses travaux théologiques.

Image Père Joseph-Marie Verlinde

Verrouillé