Jésus et ses idées
Re: concepts
Ce n'est pas "mon" idée que j'ai exprimée : c'est celle de toute la tradition chrétienne. En regardant son histoire, nous pouvons remarquer que l'un de ses premiers efforts, fut de "conceptualiser" son discours pour le proposer au monde qui l'entourait. Conceptualisation renvoie à une universalisation. Non pas un jeu gratuit mais un effort de l'intelligence pour dire "au plus juste" le réel. Et l'intelligence peut dire quelque chose de Dieu qui peut être accepté par toute intelligence en quête de vérité. Mais elle ne peut atteindre par ses seules qualités le Dieu de la Révélation... Il lui faut se laisser enrichir par la grâce divine et accueillir la parole de Dieu. Ce qui ne veut pas dire qu'elle arrête là son chemin. C'est éclairée par la foi qu'elle avance désormais. (Relire "Foi et Raison"). Ce que le concours de la Foi éclairant la raison et de la raison éclairant la foi "obtient" n'est pas, dans les propositions de l'Eglise, "révisable". On peut en montrer le bien fondé, non pas l'imposer. Tout ça pour dire qu'aucun cours ou discours, quelle qu'en puisse être la merveilleuse ordonnance ne saurait fonctionner comme une "démonstration" sans faille qui emporterait l'adhésion de l'auditoire. Néanmoins, nous devons toujours faire "comme si"..Parce qu'il existe une "rationnalité" de la foi, mais que dans le même temps, pour reprendre une expression lue sur ce forum, nous sommes dans une "transrationnalité".Quant aux mystiques, (mot qui demanderait de multiples explications), retenons, que ceux qui rencontrent (ou se laissent rencontrer par) le Dieu transcendant de la foi chrétienne, pour les distinguer de ceux qui, naturellement, plongent dans le Soi, ils ne rejettent pas le langage conceptuel, bien au contraire. Relisez saint Jean de la Croix. Nelly.
Re: concepts
Je reviens pour ajouter ceci à propos de "la psychologie"(tout ça fait un peu long, pardonnez-moi...). Je ne crois pas que l'Eglise ait oublié de regarder du côté des sciences humaines.. C'est même dans ce sens, il me semble que nous en apprenons le plus. L'anthropologie proposée par l'Eglise s'est vue enrichie de multiples approches qu'elle a su accueillir et "évangéliser". Evoquons la psychanalyse, d'abord quelque peu rejetée en raison de l'idéologie qu'elle véhiculait. Puis remarquons comment elle peut devenir, dans le cadre de l'anthropologie chrétienne, une source de connaissance de soi, nous permettant d'entrer dans une purification possible de notre désir de Dieu, de notre imagination etc... Mais nous pourrions parler dans cette perspective de toutes les sciences humaines. L'Eglise est pleine de "docteurs" en toutes choses, qui cherchent, nous éclairent, n"ignorent rien de ce qui se fait en dehors de l'Eglise et dont les propositions, évangélisées, ne font pas des chrétiens ces gens ignares ou superstitieux dont on nous dresse parfois le portrait. Nous avons beaucoup de chance, je vous l'assure. Merci de votre patience. Nelly.
Re: Jésus et ses idées
Bravo pour le projet et l'appel aux "bonnes volontés" !
Il me semble que le concept le plus utilisé par l'église catholique et le moins bien perçu par mes contemporains (y compris par moi-même) est celui de PECHE.
Il faudrait inventer un mot plus moderne, qui n'ait pas cette connotation négative pour que l'homme "moderne" se reconnaisse "pêcheur" et, donc, ait envie d'adhérer au message de Jésus Christ.
La notion de péché originel, si elle est très intéressante, me semble complètement dépassée pour intéresser des hommes et des femmes d'aujourd'hui et je ne crois pas que ce soit cette notion, qui pousse des êtres à se convertir : c'est l'inverse qui se passe. Pour ma part, c'est quand j'ai reconnu le Christ que je me suis sentie pécheur, pas avant ! (Donc avant je n'étais pas pécheur, et après j'étais sauvée, pour simplifier à l'extrême).
Qu'est-ce qui nous a fait aimer Jésus ?
Il y aura probablement une réponse par chrétien et ce sont toutes ces réponses qui font le christianisme, qui doit être une FORCE VIVE plus qu'obéissante et respectueuses de doctrines vieillissantes.
Voilà mes réflexions pour ce soir... Il se fait tard, je laisse la place aux autres.
Il me semble que le concept le plus utilisé par l'église catholique et le moins bien perçu par mes contemporains (y compris par moi-même) est celui de PECHE.
Il faudrait inventer un mot plus moderne, qui n'ait pas cette connotation négative pour que l'homme "moderne" se reconnaisse "pêcheur" et, donc, ait envie d'adhérer au message de Jésus Christ.
La notion de péché originel, si elle est très intéressante, me semble complètement dépassée pour intéresser des hommes et des femmes d'aujourd'hui et je ne crois pas que ce soit cette notion, qui pousse des êtres à se convertir : c'est l'inverse qui se passe. Pour ma part, c'est quand j'ai reconnu le Christ que je me suis sentie pécheur, pas avant ! (Donc avant je n'étais pas pécheur, et après j'étais sauvée, pour simplifier à l'extrême).
Qu'est-ce qui nous a fait aimer Jésus ?
Il y aura probablement une réponse par chrétien et ce sont toutes ces réponses qui font le christianisme, qui doit être une FORCE VIVE plus qu'obéissante et respectueuses de doctrines vieillissantes.
Voilà mes réflexions pour ce soir... Il se fait tard, je laisse la place aux autres.
Re: Jésus et ses idées
Vous avez raison de dire qu'un christianisme qui mettrait l'insistance unilatérale - et première - sur le péché, serait un christianisme culpabilisant qui défigurerait le message de l'Evangile, qui consiste au contraire dans l'annonce de la miséricorde de Dieu.
Mais précisément la miséricorde est la folie d'amour d'un Dieu qui nous a aimé alors que "nous étions encore ses ennemis" comme le dit Saint Paul. Le lieu de la révélation de cette folie d'amour demeure la Croix, qui me dit conjointement l'horreur de mon péché.
C'est effectivement l'amour de Dieu que nous devons annoncer, un amour qui va jusqu'à donner sa vie pour nous; mais l'annonce de cet amour est indissociable de l'interprétation de la Croix où cet amour se révèle: " Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures. Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures. Il est apparu à Céphas puis aux Douze" (1 Co 15,3-4). Tel est le kérygme (première annonce du salut) que Paul rappelle aux Corinthiens.
Cette découverte, qui conduit à la componction et à la repentance, est d'ailleurs déjà l'oeuvre de l'Esprit Saint sans lequel je suis incapable de voir le triste état de mon âme.
Père Joseph-Marie Verlinde
Mais précisément la miséricorde est la folie d'amour d'un Dieu qui nous a aimé alors que "nous étions encore ses ennemis" comme le dit Saint Paul. Le lieu de la révélation de cette folie d'amour demeure la Croix, qui me dit conjointement l'horreur de mon péché.
C'est effectivement l'amour de Dieu que nous devons annoncer, un amour qui va jusqu'à donner sa vie pour nous; mais l'annonce de cet amour est indissociable de l'interprétation de la Croix où cet amour se révèle: " Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures. Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures. Il est apparu à Céphas puis aux Douze" (1 Co 15,3-4). Tel est le kérygme (première annonce du salut) que Paul rappelle aux Corinthiens.
Cette découverte, qui conduit à la componction et à la repentance, est d'ailleurs déjà l'oeuvre de l'Esprit Saint sans lequel je suis incapable de voir le triste état de mon âme.

Re: Jésus et ses idées
Il me semble que nous repartons dans le catéchisme traditionnel.
Est-ce que je vais aimer Jésus - d'abord - parce qu'il est mort pour moi sur la Croix ou -d'abord - à travers ses paroles et ses actes ?
Est-ce que la première rencontre a lieu au pied de la Croix ou au bord d'un puits ?
Qu'est-ce qu'il aimerait qu'on dise de Lui ?
Aime-le car il est mort pour toi ?
Aime-le parce qu'il est l'Amour incarné ? et que cet Amour il te l'offre pour qu'il te pénètre, envahisse ton être afin que toi aussi tu sois capable de le diffuser ?
Cet Amour ne se révèle pas plus dans la Croix que dans les larmes de Jésus sur Lazare, ou dans la question "Pierre m'aimes-tu ?": Dieu nous manifeste son Amour et nous demande notre amour.
Pourquoi baser la catéchèse sur le péché ?
Est-ce que je vais aimer Jésus - d'abord - parce qu'il est mort pour moi sur la Croix ou -d'abord - à travers ses paroles et ses actes ?
Est-ce que la première rencontre a lieu au pied de la Croix ou au bord d'un puits ?
Qu'est-ce qu'il aimerait qu'on dise de Lui ?
Aime-le car il est mort pour toi ?
Aime-le parce qu'il est l'Amour incarné ? et que cet Amour il te l'offre pour qu'il te pénètre, envahisse ton être afin que toi aussi tu sois capable de le diffuser ?
Cet Amour ne se révèle pas plus dans la Croix que dans les larmes de Jésus sur Lazare, ou dans la question "Pierre m'aimes-tu ?": Dieu nous manifeste son Amour et nous demande notre amour.
Pourquoi baser la catéchèse sur le péché ?
Re: Jésus et ses idées
Je ne crois pas avoir suggéré cela !
J'insiste simplement sur le fait que - selon le mot du cardinal von Balthazar - les Evangiles sont le récit de la Passion précédée d'une longue introduction.
Dès les débuts du christianisme, l'annonce de la Pâque, càd de la victoire de la Vie sur la mort et sur le péché a été au centre de l'annonce. C'est bien ce qui constitue le coeur de la Bonne Nouvelle.
Toutes les religions parlent de l'amour; l'originalité du christianisme consiste en la folie d'amour de Dieu pour nous, folie qui se révèle sur la Croix, et Croix qui me révèle mon péché.
Même dans le dialogue avec la Samaritaine, le péché est présent: rappelez-vous comment Jésus conduit cette femme à la révélation de son identité en lui rappelant délicatement sa vie dissolue.
Si l'amour du Christ se révèle davantage dans la Croix que dans les larmes de Jésus sur Lazare... et vous le savez bien !
Père Joseph-Marie Verlinde
J'insiste simplement sur le fait que - selon le mot du cardinal von Balthazar - les Evangiles sont le récit de la Passion précédée d'une longue introduction.
Dès les débuts du christianisme, l'annonce de la Pâque, càd de la victoire de la Vie sur la mort et sur le péché a été au centre de l'annonce. C'est bien ce qui constitue le coeur de la Bonne Nouvelle.
Toutes les religions parlent de l'amour; l'originalité du christianisme consiste en la folie d'amour de Dieu pour nous, folie qui se révèle sur la Croix, et Croix qui me révèle mon péché.
Même dans le dialogue avec la Samaritaine, le péché est présent: rappelez-vous comment Jésus conduit cette femme à la révélation de son identité en lui rappelant délicatement sa vie dissolue.
Si l'amour du Christ se révèle davantage dans la Croix que dans les larmes de Jésus sur Lazare... et vous le savez bien !
