bonjour mon père,
Comme j'ai perdu la foi, je me suis tourné vers le bouddhisme (ne me jettez pas la pierre, lolllllllll).
J'essaye de condenser le discours de lama denys à propos de l'eveil :
l'état dans lequel nous evoluons tous est considéré par les bouddhistes comme une espece de rêve ou notre esprit se vit comme sujet et témoin de cette experience onirique qui est produite par notre esprit qui se vit comme une autre partie de nous-même.
L'esprit est en quelque sorte dans une séparation, dans une scission : une partie de lui même vit l'autre comme étant différente ; une partie se vit comme observateur d'un monde onirique observé (image classique de la dualité, de la séparation, de la coupure, de l'illusion)
Dans cette situation, dans cette image de rêve, on peut se rendre compte comment opère la dualité de l'illusion et aussi la naissance des passions. Celles ci sont ces relations duelles et conflictuelles qui sont ainsi engendrées par l'observateur envers ses projections observées.
Si maintenant on s'interroge sur l'Eveil : ce serait l'état dans lequel l'intelligence de l'esprit opérerait en elle-même sans entrer dans cette séparation, sans entrer dans cette illusion, sans entrer dans cette dualité avec les passions et les difficultés qui en découlent. L'éveil est alors la sortie, la libération de cette expérience dualiste sujet / objet, observateur, observé.
L'eveil étant une incorporation aux trois corps du Bouddha (faire corps, ne pas être deux, ne pas être coupé, séparé). Cette présence se réalise dans l'absence de l'observateur temoin.
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Ce qui me géne la dedans mon père, c'est qu'apparement, on n'est pas entier tant qu'on a pas atteint l'eveil !!
L'esprit est séparé en deux, le terme couper me choque énormément.
J'aimerai connaitre votre avis la dessusMerci
Etienne.
question à propos de la dualité
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Je vais essayer d’utiliser des termes occidentaux pour faire comprendre l’anthropologie sous-jacente. Notre conscience ordinaire ne serait pas notre véritable identité, car nous sommes, selon le bouddhisme, une étincelle du Soi absolu, au-delà de toute individuation en tel ou tel être particulier. Lorsque cette étincelle de l’Absolu se mêle à la matière, naît l’illusion du Moi. Cette conscience individuelle est considérée comme l’illusion fondamentale, celle qui serait à l’origine de toutes nos souffrances. Comme il est plongé dans la dualité, le Moi, l’observateur témoin, est plongé dans les contradictions qui déchirent le monde des apparences. Il est même divisé à l’intérieur de lui-même puisqu’il est un reflet de l’Absolu au cœur du relatif.
Pour le dire avec la terminologie théosophique : le mental (inférieur ou supérieur), n’est pas encore la conscience bouddhique, voire atmique. Aussi longtemps que nous n’avons pas fusionné avec l’Absolu dont nous sommes supposés être émanés, aussi longtemps que notre Moi sera actif, nous ne connaîtrons pas la paix.
Dans la tradition chrétienne, nous sommes certes invités à dépasser le Moi inférieur, mais non pas en persévérant sur un chemin d’intériorité jusqu’à la solitude absolu du Soi impersonnel, mais en sortant de nous-même vers un Autre, vers le Seigneur Jésus-Christ qui vient au-devant de nous pour nous libérer de la prison de notre Moi. Le bouddhisme propose une voie d’enstase (Mircea Eliade), alors que le christianisme ouvre le chemin de l’extase et du retour vers le Père par le chemin qui est le Christ.
Pour le dire avec la terminologie théosophique : le mental (inférieur ou supérieur), n’est pas encore la conscience bouddhique, voire atmique. Aussi longtemps que nous n’avons pas fusionné avec l’Absolu dont nous sommes supposés être émanés, aussi longtemps que notre Moi sera actif, nous ne connaîtrons pas la paix.
Dans la tradition chrétienne, nous sommes certes invités à dépasser le Moi inférieur, mais non pas en persévérant sur un chemin d’intériorité jusqu’à la solitude absolu du Soi impersonnel, mais en sortant de nous-même vers un Autre, vers le Seigneur Jésus-Christ qui vient au-devant de nous pour nous libérer de la prison de notre Moi. Le bouddhisme propose une voie d’enstase (Mircea Eliade), alors que le christianisme ouvre le chemin de l’extase et du retour vers le Père par le chemin qui est le Christ.
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- Enregistré le : mer. 19 janv. 2005 22:42
J'ai étudié et pratiqué le bouddhisme de nombreuses années et je me permets de préciser en toute honnêteté (de mémoire car je me suis débarrassé de mes livres après une convertion brutale et inattendue) :
Au niveau individuel, ce n'est pas la conscience qui pose problème mais plutôt le désir égoïste, le plaisir goûté çà et là au gré de l'instinct.
Au niveau du monde, l'origine première de la souffrance n'est même pas discutée car le Samsara (cycle des existences) n'a ni début ni fin.
En amont du désir, c'est bien l'illusion du sujet désirant, càd du pôle unifiant les divers désirs dans l'illusion d'une conscience, qui pose problème (PJM).
Dans le bouddhisme le concept du Soi n'existe pas, encore moins impersonnel, et encore moins la solitude absolue
. Le Nirvana, la libération de tout état de souffrance, est plutôt décrit comme félicité, sagesse et amour inconditionnel !
Si l'illusion du Moi ou disons de tout désir est enfin éteinte, l'amour aussi est "dépassé". Le Bouddha lui-même disait que l'amour devait être erradiqué tout autant que la haine car tout comme cette dernière passion, l'amour entretenait l'illusion de l'altérité.Expliquez moi un peu ce que peut signifier un "amour inconditionnel" si l'altérité est illusoire ?Ne nous payons pas de mots...
Cela n'engage que cet auteur (inconnu), et le terme enstase ne correspond à rien dans le bouddhisme.
Depuis une trentaine d'années nous avons accès à de nombreuses traductions des enseignements bouddhistes et à l'enseignement de plusieurs Maîtres et lamas vivant en France. Ne nous référons plus à de vieilles interprétations chrétiennes érronées.
Sincèrement désolé, mais Mr Micea Eliade est une référence contemporaine incontournable et universellement reconnue. Si cela vous rassure: il n'est pas chrétien ! Quant aux travaux chrétiens, les ouvrages du card. de Lubac sur le bouddhisme restent eux-aussi des références... (PJM)
Oui je comprends mais c'est plutôt le mot "esprit" qui devrait vous interpeler. Qu'est que cet esprit? l'âme, la conscience, l'intellect, l'insconcient...
P. Joseph-Marie a écrit :Cette conscience individuelle est considérée comme l’illusion fondamentale, celle qui serait à l’origine de toutes nos souffrances.)
Au niveau individuel, ce n'est pas la conscience qui pose problème mais plutôt le désir égoïste, le plaisir goûté çà et là au gré de l'instinct.
Au niveau du monde, l'origine première de la souffrance n'est même pas discutée car le Samsara (cycle des existences) n'a ni début ni fin.
En amont du désir, c'est bien l'illusion du sujet désirant, càd du pôle unifiant les divers désirs dans l'illusion d'une conscience, qui pose problème (PJM).
P. Joseph-Marie a écrit :mais non pas en persévérant sur un chemin d’intériorité jusqu’à la solitude absolu du Soi impersonnel.
Dans le bouddhisme le concept du Soi n'existe pas, encore moins impersonnel, et encore moins la solitude absolue

Si l'illusion du Moi ou disons de tout désir est enfin éteinte, l'amour aussi est "dépassé". Le Bouddha lui-même disait que l'amour devait être erradiqué tout autant que la haine car tout comme cette dernière passion, l'amour entretenait l'illusion de l'altérité.Expliquez moi un peu ce que peut signifier un "amour inconditionnel" si l'altérité est illusoire ?Ne nous payons pas de mots...
P. Joseph-Marie a écrit :Le bouddhisme propose une voie d’enstase (Mircea Eliade)
Cela n'engage que cet auteur (inconnu), et le terme enstase ne correspond à rien dans le bouddhisme.
Depuis une trentaine d'années nous avons accès à de nombreuses traductions des enseignements bouddhistes et à l'enseignement de plusieurs Maîtres et lamas vivant en France. Ne nous référons plus à de vieilles interprétations chrétiennes érronées.
Sincèrement désolé, mais Mr Micea Eliade est une référence contemporaine incontournable et universellement reconnue. Si cela vous rassure: il n'est pas chrétien ! Quant aux travaux chrétiens, les ouvrages du card. de Lubac sur le bouddhisme restent eux-aussi des références... (PJM)
Etienne a écrit :L'esprit est séparé en deux, le terme couper me choque énormément.
Oui je comprends mais c'est plutôt le mot "esprit" qui devrait vous interpeler. Qu'est que cet esprit? l'âme, la conscience, l'intellect, l'insconcient...
Bonjour. Je suis bouddhiste pratiquant depuis de nombreuses années et je voudrais préciser que le bouddha a effectivement dit que l'amour devait être "éradiquer" tout comme la haine, mais il parler de l'amour conditionnel, égoïste et passionnel, et non de l'amour inconditionnel. L'amour inconditionnel, dont la compassion est l'expression, est la base fondamentale du bouddhisme. C'est l'élément le plus important, même l'illumination est complétement secondaire sur la voie du bouddhisme. Les grands maîtres bouddhistes ont fait voeux de se détourner du nirvana pour aider et sauver tous les êtres humains.
Le terme "éradiquer" ne convient pas non plus, le terme "se détacher" correspond mieux. On ne cherche pas à éradiquer ou détruire quelque chose.
Le bouddhisme n'est pas l'ennemi du christiannisme, il véhicule un message de paix et d'amour. Je ne comprend pas qu'il soit autant rejeté par votre communauté.
Le terme "éradiquer" ne convient pas non plus, le terme "se détacher" correspond mieux. On ne cherche pas à éradiquer ou détruire quelque chose.
Le bouddhisme n'est pas l'ennemi du christiannisme, il véhicule un message de paix et d'amour. Je ne comprend pas qu'il soit autant rejeté par votre communauté.
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- Enregistré le : lun. 29 sept. 2003 13:16
Je voudrais préciser quelques points.
D’abord le forum n’engage pas la communauté, mais votre serviteur, rien ni personne de plus ! La Famille de Saint Joseph ne se réduit pas au ministère de discernement par rapport aux nouvelles religiosités que j’exerce et dont j’assume la responsabilité !
C’est au nom de cette responsabilité que je tiens à vous demander pardon si mes interventions ont pu vous choquer voire vous blesser.
Ce qui m’amène à un second point : je reconnais que dans ma terminologie je manque parfois de précision, et qu’il est donc nécessaire de répéter plus régulièrement que je ne le fais, que mes critiques ne s’adressent pas au « bouddhisme officiel » ou à la « Tradition bouddhiste », ou à la « religion bouddhiste ». Je vise uniquement ce que dans l’Hexagone on désigne comme étant du bouddhisme, et qui dans la grande majorité des cas, reconnaissez-le, n’est qu’une forme de néo-orientalisme pour occidentaux en quête d’exotisme. Cette limitation de mon propos devrait être sous-entendu à toutes mes interventions sur ce forum, puisque il est clairement annoncé sur le site que j’analyse les nouvelles religiosités ; je n’ai jamais prétendu critiquer les grandes Traditions religieuses !
Ceci dit, et ce sera mon troisième point, vous n’êtes pas sans savoir que le Bouddhisme est une tradition très complexe. Ce que vous énoncez s’applique au Mahayana, mais un adepte du Theravada ne s’y reconnaîtrait pas du tout ! Pourtant, c’est bien le Theravada (ou Hinayana) qui constitue le bouddhisme originel (à moins bien sûr d’adhérer aux explications plutôt « ésotériques » de la doctrine cachée !). Autrement dit, avant tout dialogue, il vaut mieux annoncer à quelle école on appartient. J’ajoute que le Mahayana, qui a réintroduit certaines notions comme la compassion, date de l’ère postchrétienne, et que bien des historiens des religions se demandent s’il n’y a pas, dans l’évolution du bouddhisme, une influence du christianisme.
Il n’en reste pas moins que je cherche à comprendre comment un monisme peut introduire une notion comme l’amour ? L’amour égoïste n’est pas de l’amour mais de la convoitise ; l’amour d’amitié tel que le définit Aristote, est déjà orienté vers le bien de l’être aimé, dont on postule la réalité ontologique ; quant à la charité, elle est encore d’un autre ordre, puisqu’elle procède de Dieu, du Dieu tri-personnel, du Tout-Autre par excellence. Bref, dès que nous parlons d’amour, nous postulons implicitement la réalité ontologique d’un autre sujet personnel. Or le Boddhisattva est entré dans la conscience de l’unité de toutes choses (advaita) au-delà de toute dualité, et donc au-delà de toute altérité. C’est donc à tort que l’on parle de com-passion car la préfixe « cum » signifie « avec » : le terme signifie donc « souffrir avec un autre » (re-voilà l’altérité !). Or le Boddhisattva a compassion de la part de lui-même qui est encore dans l’illusion de l’altérité. Par contre ce terme désigne très précisément l’attitude du Christ Jésus à notre égard : il souffre sa passion pour pouvoir nous offrir le réconfort de sa présence au creux de nos souffrances, dans le parfait respect de l’altérité.
Le bouddhisme n’est certes pas « l’ennemi du christianisme » : il n’y a pas de religions ennemies (même s’il y a eu hélas des guerres de religion) puisqu’elles témoignent toutes de la quête de Dieu qui habite le cœur de l’homme. Mais je ne crois pas que la conception de l’homme, du monde et de Dieu véhiculées par le bouddhisme soient compatibles avec la vision de l’homme, du monde et de Dieu véhiculées par le christianisme. L’argumentation nécessiterait de plus amples développements, mais disons simplement que pour un chrétien il manque au bouddhisme l’essentiel du christianisme, à savoir la Révélation du Christ, Fils de Dieu, Seigneur et Sauveur, seul véritable chemin vers le Père, source de toute vie.
D’abord le forum n’engage pas la communauté, mais votre serviteur, rien ni personne de plus ! La Famille de Saint Joseph ne se réduit pas au ministère de discernement par rapport aux nouvelles religiosités que j’exerce et dont j’assume la responsabilité !
C’est au nom de cette responsabilité que je tiens à vous demander pardon si mes interventions ont pu vous choquer voire vous blesser.
Ce qui m’amène à un second point : je reconnais que dans ma terminologie je manque parfois de précision, et qu’il est donc nécessaire de répéter plus régulièrement que je ne le fais, que mes critiques ne s’adressent pas au « bouddhisme officiel » ou à la « Tradition bouddhiste », ou à la « religion bouddhiste ». Je vise uniquement ce que dans l’Hexagone on désigne comme étant du bouddhisme, et qui dans la grande majorité des cas, reconnaissez-le, n’est qu’une forme de néo-orientalisme pour occidentaux en quête d’exotisme. Cette limitation de mon propos devrait être sous-entendu à toutes mes interventions sur ce forum, puisque il est clairement annoncé sur le site que j’analyse les nouvelles religiosités ; je n’ai jamais prétendu critiquer les grandes Traditions religieuses !
Ceci dit, et ce sera mon troisième point, vous n’êtes pas sans savoir que le Bouddhisme est une tradition très complexe. Ce que vous énoncez s’applique au Mahayana, mais un adepte du Theravada ne s’y reconnaîtrait pas du tout ! Pourtant, c’est bien le Theravada (ou Hinayana) qui constitue le bouddhisme originel (à moins bien sûr d’adhérer aux explications plutôt « ésotériques » de la doctrine cachée !). Autrement dit, avant tout dialogue, il vaut mieux annoncer à quelle école on appartient. J’ajoute que le Mahayana, qui a réintroduit certaines notions comme la compassion, date de l’ère postchrétienne, et que bien des historiens des religions se demandent s’il n’y a pas, dans l’évolution du bouddhisme, une influence du christianisme.
Il n’en reste pas moins que je cherche à comprendre comment un monisme peut introduire une notion comme l’amour ? L’amour égoïste n’est pas de l’amour mais de la convoitise ; l’amour d’amitié tel que le définit Aristote, est déjà orienté vers le bien de l’être aimé, dont on postule la réalité ontologique ; quant à la charité, elle est encore d’un autre ordre, puisqu’elle procède de Dieu, du Dieu tri-personnel, du Tout-Autre par excellence. Bref, dès que nous parlons d’amour, nous postulons implicitement la réalité ontologique d’un autre sujet personnel. Or le Boddhisattva est entré dans la conscience de l’unité de toutes choses (advaita) au-delà de toute dualité, et donc au-delà de toute altérité. C’est donc à tort que l’on parle de com-passion car la préfixe « cum » signifie « avec » : le terme signifie donc « souffrir avec un autre » (re-voilà l’altérité !). Or le Boddhisattva a compassion de la part de lui-même qui est encore dans l’illusion de l’altérité. Par contre ce terme désigne très précisément l’attitude du Christ Jésus à notre égard : il souffre sa passion pour pouvoir nous offrir le réconfort de sa présence au creux de nos souffrances, dans le parfait respect de l’altérité.
Le bouddhisme n’est certes pas « l’ennemi du christianisme » : il n’y a pas de religions ennemies (même s’il y a eu hélas des guerres de religion) puisqu’elles témoignent toutes de la quête de Dieu qui habite le cœur de l’homme. Mais je ne crois pas que la conception de l’homme, du monde et de Dieu véhiculées par le bouddhisme soient compatibles avec la vision de l’homme, du monde et de Dieu véhiculées par le christianisme. L’argumentation nécessiterait de plus amples développements, mais disons simplement que pour un chrétien il manque au bouddhisme l’essentiel du christianisme, à savoir la Révélation du Christ, Fils de Dieu, Seigneur et Sauveur, seul véritable chemin vers le Père, source de toute vie.