Bonjour Père Verlinde,
J'aimerai savoir quelle est la position "officielle" de l'église vis à vis de la psychologie ?
J'entends "psychologie" dans son acception la plus large, c'est à dire aussi bien la psychologie freudienne qui considère que la spiritualité ne serait qu'une sublimation des pulsions sexuelles, que la psychologie Jungienne qui, elle ,laisse une large place à la spiritualité, que toutes les thérapies dites psycho-corporelles ou autre démarche de connaissance de soi . L'Eglise pense-t-elle d'ailleurs qu'une meilleure connaissance de soi puisse aider dans une quête spirituelle, chrétienne en l'occurence ?
Ma question n'est pas anodine car vous savez comme nous tous que certains chemins chrétiens (mal compris ?) ont menés vers de lourdes névroses culpabilisantes alors que d'autres chemins chrétiens se sont révélés libératoires. Alors oui, quelle place ou crédit l'Eglise accorde t-elle aux grands courants psychologiques et à leurs pratiques ?
En vous remerciant par avance,
Sylviane
Et la psychologie ?
-
P. Joseph-Marie
Re: Et la psychologie ?
Vaste sujet !
Juste quelques éléments pour ouvrir le débat.
1- La connaissance de soi est un précieux moyen pour avancer vers Dieu: "noverim me, noverim te" (me connaître pour te connaître)disait déjà st Augustin, ainsi que le redira ste Thérèse d'Avila plus tard.
2- Mais il faut que le moyen reste à sa place !
Il est certain que le risque existe de diviniser notre Surmoi et d'en faire une idole, d'autant plus redoutable qu'elle est investie de ma propre force psychique et du refoulement de mes pulsions sexuelles. Mais un tel dieu n'a rien à voir avec Celui qui se révèle dans sa Parole. La psychologie peut m'aider à discerner les contours de cette idole, et si elle m'aide à l'éliminer, je crois que nous conviendrons que la psychologie m'a rendu un fier service.
L'erreur serait de décréter que la religion est toute entière une névrose obsessionnelle pour la seule raison que certaines névroses peuvent effectivement diviniser ce fameux Surmoi. Ne jettons pas l'enfant avec l'eau du bain! Des non-croyants peuvent aussi être sujets au même type de névrose; la seule différence est qu'ils ne projettent pas sur dieu leur obsession.
3- Dans un tel cas, la psychologie sort de son domaine et devient du psychologisme, càd un réductionisme qui prétend tout expliquer à partir de son seul angle d'approche.
4- La psychologie a à gérer son domaine, qui est celui du psychisme, y compris les réactions du psychisme au phénomène spirituel. Mais elle n'est pas compétente pour parler des phénomènes spirituels en tant que tels.
Père Joseph-Marie Verlinde
Juste quelques éléments pour ouvrir le débat.
1- La connaissance de soi est un précieux moyen pour avancer vers Dieu: "noverim me, noverim te" (me connaître pour te connaître)disait déjà st Augustin, ainsi que le redira ste Thérèse d'Avila plus tard.
2- Mais il faut que le moyen reste à sa place !
Il est certain que le risque existe de diviniser notre Surmoi et d'en faire une idole, d'autant plus redoutable qu'elle est investie de ma propre force psychique et du refoulement de mes pulsions sexuelles. Mais un tel dieu n'a rien à voir avec Celui qui se révèle dans sa Parole. La psychologie peut m'aider à discerner les contours de cette idole, et si elle m'aide à l'éliminer, je crois que nous conviendrons que la psychologie m'a rendu un fier service.
L'erreur serait de décréter que la religion est toute entière une névrose obsessionnelle pour la seule raison que certaines névroses peuvent effectivement diviniser ce fameux Surmoi. Ne jettons pas l'enfant avec l'eau du bain! Des non-croyants peuvent aussi être sujets au même type de névrose; la seule différence est qu'ils ne projettent pas sur dieu leur obsession.
3- Dans un tel cas, la psychologie sort de son domaine et devient du psychologisme, càd un réductionisme qui prétend tout expliquer à partir de son seul angle d'approche.
4- La psychologie a à gérer son domaine, qui est celui du psychisme, y compris les réactions du psychisme au phénomène spirituel. Mais elle n'est pas compétente pour parler des phénomènes spirituels en tant que tels.
Père Joseph-Marie Verlinde-
Sylviane
Re: Et la psychologie ?
Bonjour Père Verlinde,
Merci de vos remarques.
Vous écrivez entre autres :
L'erreur serait de décréter que la religion est toute entière une névrose obsessionnelle pour la seule raison que certaines névroses peuvent effectivement diviniser ce fameux Surmoi. Ne jettons pas l'enfant avec l'eau du bain! Des non-croyants peuvent aussi être sujets au même type de névrose; la seule différence est qu'ils ne projettent pas sur dieu leur obsession.
Cette façon d'aborder la psychologie est typique du courant freudien. Et j'adhère à votre remarque. Or, ce qui est intéressant, c'est qu'en France, c'est ce courant qui prévaut, ou du moins qui est le plus connu du grand public. Dans les pays anglo-saxons, est tout aussi connue la psychologie jungienne qui elle, au contraire, ne présente pas la spiritualité et la religion comme une névrose. Il nait également de plus en plus de courants psychologiques qui font une large place à la spiritualité mais l'Eglise les présente souvent comme de dangereux spectres "newageux", c'est pour cela que je me demandais si l'Eglise accordait du crédit à la psychologie, coincée comme elle me semble l'être entre ces types de psychologie...un qu'elle rejette, et on comprend pourquoi, un qu'elle ignore, et des qu'elle soupçonne du pire.
Sylviane
Merci de vos remarques.
Vous écrivez entre autres :
L'erreur serait de décréter que la religion est toute entière une névrose obsessionnelle pour la seule raison que certaines névroses peuvent effectivement diviniser ce fameux Surmoi. Ne jettons pas l'enfant avec l'eau du bain! Des non-croyants peuvent aussi être sujets au même type de névrose; la seule différence est qu'ils ne projettent pas sur dieu leur obsession.
Cette façon d'aborder la psychologie est typique du courant freudien. Et j'adhère à votre remarque. Or, ce qui est intéressant, c'est qu'en France, c'est ce courant qui prévaut, ou du moins qui est le plus connu du grand public. Dans les pays anglo-saxons, est tout aussi connue la psychologie jungienne qui elle, au contraire, ne présente pas la spiritualité et la religion comme une névrose. Il nait également de plus en plus de courants psychologiques qui font une large place à la spiritualité mais l'Eglise les présente souvent comme de dangereux spectres "newageux", c'est pour cela que je me demandais si l'Eglise accordait du crédit à la psychologie, coincée comme elle me semble l'être entre ces types de psychologie...un qu'elle rejette, et on comprend pourquoi, un qu'elle ignore, et des qu'elle soupçonne du pire.
Sylviane
-
P. Joseph-Marie
Re: Et la psychologie ?
Je ne crois pas que l'Eglise ignore ni qu'elle rejette les courants de psychologie, mais elle exerce un discernement prudentiel.
Il y a d'excellents thérapeutes chrétiens et même des prêtres tels que le Père Denis Vasse à Lyon ou le Père Tony Anatrella sur Paris qui sont psychiatres.
En ce qui concerne Young, la situation n'est pas facile. Certes son discours est moins réducteur que celui de Freud, mais il est effectivement très "entaché" d'un mysticisme plutôt naturaliste. Ce qui explique qu'il soit à ce point récupéré par le Nouvel Age.
Il y a à prendre et à laisser, et je ne suis pas sûr que ce "tri" soit à la portée des non-spécialistes. Voilà pourquoi il est bon de conseiller la prudence avec cet auteur.
Il y a d'excellents thérapeutes chrétiens et même des prêtres tels que le Père Denis Vasse à Lyon ou le Père Tony Anatrella sur Paris qui sont psychiatres.
En ce qui concerne Young, la situation n'est pas facile. Certes son discours est moins réducteur que celui de Freud, mais il est effectivement très "entaché" d'un mysticisme plutôt naturaliste. Ce qui explique qu'il soit à ce point récupéré par le Nouvel Age.
Il y a à prendre et à laisser, et je ne suis pas sûr que ce "tri" soit à la portée des non-spécialistes. Voilà pourquoi il est bon de conseiller la prudence avec cet auteur.
