La dépression

[Jaguar]

Cher Père,

J'ai besoin de vos conseils.
Mon mari vit une dépression depuis 5 mois. Cette dépression est liée à son travail où il vivait depuis longtemps un harcèlement moral. Après 2 tentatives de suicide, une hospitalisation très médicalisée, il présente quelques signes d'amélioration, sans toutefois avoir choisit de vivre puisque le suicide demeure "sa solution" à son mal être. Cette semaine il m'a fait savoir qu'il avait eu un déclic (dans sa tête) devant la Mer de Glace à Chamonix (vive la Création) mais pour autant l'idée de suicide demeure une solution. Il voudrait rentrer à la maison, le psychiatre lui donne sa bénédiction, la date est fixée au 2 décembre. Seulement voila, c'est moi qui ne suit pas prête. J'ai peur de me retrouver engloutie par sa maladie. Il est devenu tellement exigeant ces derniers temps. C'est comme une pression à chaque fois qu'il me dit que je ne le comprends pas. S'il savait tout ce que j'ai donné de moi=même sans compter l'angoisse que j'ai depuis ses tentatives. Ces reproches sont culpabilisants.
Je lui ai dit que je m'accordais 10 jours pour faire une pose, voir où j'en suis. Pas de visite, pas de coups de téléphone. Je voudrais en profiter pour me détendre, retrouver le sommeil que j'ai perdu depuis l'arrêt du lexomil il y a quelques jours. Que pouvez vous me conseiller pour profiter de ce temps comme il conviendrait? Que trouver comme solution pour me sortir des effets de sevrage du lexomil? Massage? Accupunctur? ...
Déjà, j'ai pris RDV avec une personne formée par le CLERC sur l'écoute et je compte aller me confesser mais j'attends vos conseils car je ne veux pas somber et embarquer nos 3 enfants qui ont besoin plus que jamais de leur mère. Merci de me répondre au plus vite.

[P. Joseph-Marie]

Je tremble à la pensée que vous prendriez vos décisions uniquement à partir de ma réponse, qui ne peut être que très générale étant donné le peu de renseignements que vous me donnez, et le caractère non confidentiel de cet échange.
Je risque cependant à dire, que je redoute toujours le retour en plus ou moins bonne santé d’une personne sortant d’une dépression. En général son entourage a tellement dû assumer de situations lourdes, que lorsque le malade va mieux, se sont les – ou la proche – qui s’effondre et …tombe en déprime à son tour !
Je crois qu’il est indispensable de vous faire accompagner psychologiquement. C’est ce que je conseille toujours à toute personne étant amenée à faire de l’accompagnement d’un dépressif, surtout dans le cadre d’une famille. Il y a trop de chantage, engendrant la culpabilité ; trop de transferts entraînant des contre-transferts, etc. pour pouvoir assumer tout cela seule. C’est IMPOSSIBLE et risque de mal se finir pour vous, et donc aussi pour votre mari.
Je crois donc qu’il faut trouver un bon psy, à qui vous expliquez la situation, et auprès duquel vous vous engagez à suivre les conseils qu’il vous donnera, car vous allez très vite vous trouver en situation de perplexité. Il faut vous faire aider par un tiers professionnel. Je crois que pour le sevrage des produits que vous citez, l’accompagnement psy pourrait également beaucoup vous aider.
Je m’unis à votre prière pour que le Seigneur envoie sur vous et sur toute votre famille sa paix et sa joie dans l’Esprit Saint.