Etre "juste" (au sens de l'Ancien Testament) signifie avoir observé autant que faire se peut pour un homme, la Loi transmise par Dieu à Moïse. Mais cela ne signifie pas encore avoir accès à la Vie divine. Le juste s'est disposé tant que l'homme pouvait le faire, à la recevoir, lorsqu'elle serait déversée dans notre humanité ; ce que le Christ a précisément réalisé pour nous à travers sa mort-résurrection.
Mais le juste n'est pas sans péché: le livre de la Sagesse précise même qu'il pèche "sept fois par jour": manière forte de dire que nul n'est radicalement juste devant Dieu - j'ajoute : si ce n'est le Fils unique, Jésus Christ, "le seul Juste".
Vous comprenez entre les lignes que ce qui est en jeu est le "droit" à la vie divine. La justice de l'homme ne signifie pas pour autant qu'il soit devenu divin ou qu'il ait "droit" à participer à la vie divine. Celle-ci est un pur don de la grâce, une surabondance d'amour du Créateur, qui n'a pas voulu en rester au simple don de la vie naturelle, mais a voulu se donner à ceux qui ne le refusent pas.
Mais ce don ne pouvait se faire qu'au prix de la réconciliation entre l'humanité égarée dans le péché, et Dieu lui-même, dont l'homme devait devenir le fils adoptif. C'est ce mystère de grâce qu'accomplit le Christ dans sa Pâque.

Père Joseph-Marie Verlinde