Le piège des mots...

P. Joseph-Marie

Re: les mots...et l'expérience

Message par P. Joseph-Marie »

Le mot de "libération" trahit une conception un peu réductionniste du salut, qui ne se limite pas au pardon du péché et à la délivrance de ses conséquences.
Le salut signifie dans les Ecritures la pleine réalisation du plan de Dieu sur nous.
Dieu nous "sauve"
- en nous arrachant au néant (création)
et il nous "sauve"
- en nous arrachant à la mort (rédemption) pour nous introduire dans sa Vie divine qu'il veut nous donner en partage.
Le salut est la pleine réalisation de ce projet d'amour, qui passe par la rédemption, mais ne s'y limite pas.

Image Père Joseph-Marie Verlinde

Régis

Re: les mots...et l'expérience

Message par Régis »

Merci de votre éclairage, d’autant qu’il ne me paraît pas se refermer autour du fait, sans autre but que de l’établir, mais il lui donne du ‘ sens ‘… Et donner du sens, est quelque chose qui se conjugue selon chacun, selon sa culture, l’histoire.. etc

francis.bernard

Re: les mots...et l'expérience

Message par francis.bernard »

Vous dites "que Dieu nous sauve en nous arrachant au néant ( la Création )".
La Création étant l'oeuvre de Dieu, je n'imagine pas qu'elle puisse être dédaignée et désignée comme étant le néant. La Création renvoie directement à son . Elle est nécessairement à l'image de celui-ci.
Nous sommes des terriens et nous aimons cette terre à travers tous ceux qui nous entourent et nous aimons aussi ce que nous y faisons. Je croyais que le christianisme ignorait justement le mépris jeté sur la création et,tout au contraire, louangeait Dieu de nous avoir conçus comme nous sommes. Notre existence, même pécheresse, nous l'aimons et nous y tenons et nous la défendons. L'univers aussi nous l'aimons, nous en faisons partie. Nous rêvons de l'explorer. J'ai le sentiment, à vous lire, que la foi nous détourne de la vie ici-bas et trouve dans Jésus son unique achèvement. C'est une idée de moine sans doute mais pas une idée de citoyen vivant et travaillant la terre. Cette terre je veux la sauver et l'univers. Non, elle n'est pas néant.

Hélène

Re: les mots...et l'expérience

Message par Hélène »

francis.bernard dit: "Cette terre je veux la sauver et l'univers"

Vous avez des idées de grandeur ! Seulement, êtes-vous au courant ? Il y a déjà quelqu'un qui est déjà venu avant vous pour la sauver ! Il s'appelle Jésus-Christ ! Mais je vous confie un petit secret...Il désire nous rendre participant pour achever Son oeuvre...Il s'agit de coopérer avec Lui et non pas contre Lui.

P. Joseph-Marie

Re: les mots...et l'expérience

Message par P. Joseph-Marie »

C'est surtout une idée que vous vous faites en déformant mes propos!
Apprenez donc que la création est définie dans le livre des Maccabés comme un acte par lequel Dieu nous tire du néant, et que cet acte est considéré comme un acte de salut. D'où ma phrase: Dieu nous sauve en nous tirant du néant, ce qui revient à définir l'acte de création.
Je ne sais pas si je suis plus clair, mais je commence à désespérer de me faire comprendre...

Image Père Joseph-Marie Verlinde

régis

Re: Le piège des mots...

Message par régis »

je propose cet extrait du livre "L'Errance" de Bernard Feillet (prêtre et écrivain) c'est un texte dans lequel je me retrouve bien.
"Beaucoup se sont épuisés à vouloir connaître Dieu et ils se sont même imaginé qu'ils l'aimaient, selon ce qu'ils avaient appris de l'amour humain, d'une manière plus parfaite, bien sûr, plus totale. Peut-on aimer celui que l'on ne connaît pas ? Sans doute n'est-il possible que de désirer l'aimer: dire que l'on aime Dieu, c'est en fait exprimer que l'on aimerait l'aimer, que l'on est habité du désir d'aimer l'amour: d'aimer infiniment l'amour infini. Le plus clair quand il s'agit d'aimer, c'est que je ne sais pas aimer. Peut-être est-ce de cette infirmité dont je parle quand elle m'apparaît avec d'autant plus d'évidence que je confronte mon désir d'aimer à l'infini de Dieu. Je ne prétends pas aimer Dieu, mais le mystère de Dieu qui m'habite me révèle que je ne sais pas aimer, ni Dieu - c'est impossible puisqu'il est Dieu -, ni mes semblables puisqu'ils ne sont pas totalement aimables. D'ailleurs toute la vie n'est-elle pas le long apprentissage pour être chaque jour un peu plus capable d'aimer. Quand je dis je t'aime, cela signifie que j'aimerais t'aimer. Je le dis aux hommes qui m'entendent et je le dis à Dieu moi aussi, malgré tout - pour m'entendre le lui dire. La parole au cœur de l'insuffisance nous permet de garder ouvert le chemin du possible, si nous demeurons avertis que nous n'étreindrons pas l'impossible absolu. J'ignore l'amour que Dieu me porte, car si je savais de quel amour Dieu m'aime je connaîtrais Dieu, et je connais l'insuffisance de l'amour que je porte aux autres. Cette inconnaissance et cette insuffisance ne sont pas pour ma perte. Elles sont indissociables et me permettent de revenir indéfiniment sur ma tentative d'aimer. J'aime penser que l'amour de Dieu a laissé en moi une trace que rien n'efface et que rien ne comble, et que ce manque si profondément gravé m'est une source de bonheur. C'est d'elle que me vient mon désir d'aimer les êtres de ma vie. De l'amour de Dieu pour moi, je n'ai pas d'autre signe que ce peu d'amour que je porte aux autres et cet amour si vaste dont je me sais par eux aimé."

Verrouillé