Confusions
Re: Confusions
Je ne sais pas si j'ai lu tous les messages concernant la "confusion" (je ne suis pas une internaute très douée). Il me semble que l'on reste dans la confusion dans que l'on s'en tient au stade des expériences. Elles sont, en soi, irréfutables et l'on ne peut pas dire grand chose à partir d'elles. Mais peut-être pourrait-on faire comprendre à chacun, qu'il y a, au minimum, deux "doctrines" pour rendre compte de l'existence du monde, de l'homme. La première, que l'on dit moniste, fait de Dieu, du monde et de l'homme, une seule substance. Aussi le passage de l'un à l'autre se conçoit-il à partir d'une série d'émanations (Dieu "secrète" le monde, comme une araignée sa toile, ai-je lu quelque part). Dans cette tradition, l'homme est de la même essence que Dieu. Il reste à expliquer sa condition misérable : c'est ce que font les scénarii gnostiques, et c'est ce que fait, dans d'autres termes, et dans un climat intellectuel différent, la tradition (ou les traditions appartenant à l'hindouisme -avec des nuances à préciser à chaque foi), et c'est ce que fait l'ésotérisme, puis le Nouvel Age (à chaque fois dans un contexte différent). Dans cette perspective, l'homme n'a pas besoin d'un sauver : il doit "savoir" qui il est, retrouver d'où il vient, et "remonter" la chaîne par laquelle il s'est trouvé emprisonné dans ce monde. Et si cet homme est"parcelle de Dieu", c'est d'une parcelle aliénée de Dieu dont il s'agit, puisqu'en fin de compte, la seule histoire qui nous est comptée est celle d'un Dieu qui s'est exilé. L'autre grande tradition, est la tradition chrétienne, qui, seule, dans toutes les traditions religieuses, propose l'idée d'un monde créé. Dieu n'est pas le monde, il en est radicalement distinct. Il a créé le monde librement et non par nécessité ; il a voulu l'homme pour lui-même et lui a offert la liberté, celle de Le choisir et de L'aimer, lui, le Dieu créateur. Toute relation à Dieu suppose donc un choix, une liberté, une volonté qui ne sont pas inscrites en lui comme une nécessité à laquelle il devrait obéir. La prière n'est pas une technique ; elle n'est pas l'entrée dans un ordre d'harmonie où l'on retrouve la Source, parce que l'on en est un ruisseau. Elle peut (et doit) nécessiter un apprentissage. Mais ce n'est pas à force d'exercices que l'on rencontrera Dieu. Parce que Dieu précisément n'est pas une énergie, mais une personne, qui bien souvent, laisse l'orant dans la nuit. Chacune de ces traditions métaphysiques a une culture, une tradition qui lui est propre. On ne peut faire basculer des notions de l'une à l'autre sans les trahir l'une et l'autre (C'est ce qu'explique le Père Verlinde, dans l'une de ses lettres). La confusion actuelle est l'aboutissement d'une longue histoire, qui se confond avec celle de l'ésotérisme et dont les amalgames actuels sont, plus précisément encore, le résultat d'un infléchissement de l'ésotérisme occidental, à la fin du XIXème siècle, vers l'hindouisme (probablement revu et corrigé par une vulgarisation qui doit en être la trahison -mais je ne suis pas compétente dans ce domaine-). Le Nouvel Age manifeste quant à lui une confusion plus grande encore, mêlant à ses propositions, des considérations vaguement scientifiques, psychologiques, fabriquant un discours où l'ignorance, la superstition, l'amalgame mènent le jeu. Pour résumer, car il faut bien s'arrêter, il faudrait commencer par mettre de l'ordre et apprendre à distinguer entre ces métaphysiques différentes que sont celles que suppose le christianisme, et celles très rapidement évoquées. Ensuite, on verra que l'anthropologie n'est pas, et ne peut pas être la même. Et le choix n'est pas affaire de bien-être. Il en va de la Vérité du Christ. Nelly.
Re: Confusions
Mais il existe une tendance gnostique dans le judaïsme dont l'expression est la Kabbale, et la même tendance dans l'Islam ainsi que le montrent les travaux de Corbin. On peut donc s'interroger sur les fondements même de la présence perpétuelle de cet imaginaire, qui investit à peu près toutes les tendances religieuses. Nelly.
Un autre témoignage
J'ai lu votre conversation et vos points de vue différents avec intérêt. Comme vous Patrick, je ne suis pas théologienne et je ne peux donc étayer mes propos à coup de citations (quoique j'en mettrai bien une deux à la fin par plaisir
). Par contre je peux parler de mon expérience, limitée et personnelle certes mais sincère. En ce qui me concerne, l'enracinement dans le corps (techniques de méditations, yoga ou autre) m'a reliée au christianisme, sans cet aspect il semblerait que je me serai détournée de ma religion d'origine telle qu'elle est présentée actuellement. Je trouve que c'est une dimension qui manque vraiment dans ce qui est proposé par l'Eglise Catholique actuelle, il manque d'ailleurs la dimension de la terre et de la féminité en général. Or Jésus s'est bien "in-carné" (dans la chair) n'est-ce pas, pourquoi alors ce mépris de la chair ? Etre en vie est une grande faveur, un cadeau à la fois fragile et extrêmement précieux, cela évoque plus la célébration que la mortification... A vous lire, Sylviane
"O homme, regardes-toi,
tu as en toi le Ciel et la Terre".
Hildegarde de BINGEN

"O homme, regardes-toi,
tu as en toi le Ciel et la Terre".
Hildegarde de BINGEN