« … Après la messe, pendant l’action de grâce, alors que j’avais sous les yeux l’image de Notre Dame du Foyer, le visage de Marie parut me sourire. En même temps se déroula dans mon esprit toute une série de paroles concernant mon avenir. Avec surprise et prudence, j’accueillis ces paroles du Seigneur ; je n’en dirai que les tout premiers mots : « Aie confiance, je te promets que tu fonderas… »
Son confesseur, à qui il s’est ouvert de cet événement qu’il a mis par écrit, l’envoie vers son évêque, Monseigneur Cyprien Tourel, et vers le vicaire général, le père François Poursines, qui tous deux lui conseillent d’en référer au père Georges Finet et à Marthe Robin, de Chateauneuf-de-Galaure (Drôme).
« Le père G. Finet, d’accord avec Marthe Robin, lut attentivement mon petit écrit. Il en souligna particulièrement un passage, en me disant : « C’est là la signature de l’Esprit Saint… Patience et confiance, les choses se feront en leur temps. Soyez d’une totale obéissance à vos supérieurs et allez simplement où l’on vous enverra… »
Début février 1958, mon évêque me nomma curé de Puimisson et de Pailhès. J’ignorais tout de ces deux villages. Quand je vins voir ma nouvelle paroisse, c’était le soir. Comme je marchais, sac au dos et valise à la main, le ciel était embrasé des feux du couchant. Tout en haut du village, mon attention fut attirée par un massif de grands pins qui se détachaient sur la rougeur des nuages.
En même temps, il m’était dit avec force, intérieurement : « C’est là que l’Œuvre se fera ». Presqu’aussitôt, une autre parole m’affirma : « C’est là que tu mourras !… »
Le lendemain, rencontrant un viticulteur, je lui demandai : comment s’appelle cette pinède en haut du village ? – Il me répondit aimablement et d’une voix forte : « Mais c’est Mont-Rouge ! »
Puis les années passèrent. Je m’appliquais de mon mieux à mon travail de curé, ayant « mis au frigo », selon les conseils reçus, ce que j’appelle « la Promesse » du 15 janvier 1958… Cependant, malgré mes efforts sincères pour oublier, la même force intérieure me poussait vers l’Œuvre à réaliser…
Mais, me direz-vous, vous n’avez encore rien dit de saint Joseph ? C’est en effet qu’il n’était pas encore entré en scène. D’ailleurs, je n’avais alors pas la moindre dévotion envers lui. Malgré le silence de la « Promesse » sur saint Joseph, diverses grâces me rendirent progressivement plus sensible à sa présence.
Quand je priais Notre-Dame à son autel, dans mon église paroissiale, elle m’invitait intérieurement à saluer saint Joseph et à m’appuyer sur lui comme faisait Jésus.
Plusieurs fois j’ai été frappé de surprendre un homme, bien de chez nous, solide et jovial, tout occupé à gravir les marches de l’autel de saint Joseph et à tendre sa main robuste vers la statue du saint patriarche pour lui toucher amicalement la main, dans un geste plein de simplicité et d’émouvante confiance.
Un jour surtout, sortant de l’église, je trouvai un livre sur saint Joseph qui traînait lamentablement dans la rue, sur un tas d’ordure… Intérieurement il me fut montré le peu de cas qu’on faisait de saint Joseph ou même des moqueries stupides dont il était l’objet. Alors je me sentis poussé à honorer davantage ce grand saint et à le faire aimer, persuadé que je contribuerais ainsi à glorifier Jésus et Marie.
Peu à peu, saint Joseph forçait la porte de mon cœur et la sainte Vierge était complice. Au bout de quelques années, je me suis effectivement consacré à saint Joseph, pour faire jusqu’à la mort ce qu’il attendrait de moi.
Alors les choses se sont précipitées. Il m’a fait comprendre que je devais lui préparer son domaine sur la colline de Mont-Rouge, lui bâtir une première chapelle, avant un grand sanctuaire, et favoriser les pèlerinages vers lui.
Certes, il reste encore beaucoup à faire, et le meilleur reste à venir, non sans beaucoup de croix, mais ce qui a déjà été réalisé est une garantie de ce qui pourra se faire si nous restons tous artisans de cette Œuvre, attentifs et fidèles au dessein de Dieu.
Père René Granier