La famille du nouveau propriétaire était originaire de Lorraine, les Perret : elle y était attachée à la Cour des Ducs, ce qui lui avait fait donner le surnom de Lacour.
« Le premier qui soit venu à Lyon et qui ait fait la tige des autres fut Claude-Antoine Lacour, fils de Didier Perret, dit Lacour, écuyer de Madame la Duchesse douairière de Lorraine, commandant ses équipages, et de Magdeleine Huré ».
Claude-Antoine Lacour était né à Nancy en 1616. « On l’envoya, à l’âge de huit ans, à l’occasion des troubles arrivés en Lorraine, à Paris, où il fut élevé chez le curé de Saint-Eustache. Etant entré dans la maison des Princes de Soissons qui étaient celle de Savoie, il vint avec eux à Lyon, à l’âge d’environ 23 ans ; leur dessein était de parcourir l’Italie ; mais, ayant appris que la peste y était, ils rompirent leur voyage et s’en retournèrent. Claude-Antoine Lacour, ayant pris congé d’eux, demeura à Lyon, où il fit connaissance avec le marquis de la Poype Vertrieu, à qui il prêta une somme d’argent et dont il se chargea ensuite des affaires, pour l’administration de ses biens et de ses terres en qualité d’agent ».
Un agent habile : car il réalisa lui-même une fortune assez coquette. A sa mort, le 3 août 1689, il laissait quatre fils : l’aîné étant entré dans les ordres, c’est le second, Jean-Baptiste, qui devint le chef de famille.
Jean-Baptiste Lacour, né en 1674, vécut 85 ans : il était maître fabricant « en étoffes d’or, argent et soye ». Il obtint la qualité de « vrai bourgeois de Lyon » avec « les privilèges et exemptions accordés aux bourgeois ». A sa mort, le 20 mai 1759, il laissait neuf enfants dont l’aîné, Jean-Baptiste (deuxième du nom) était institué héritier universel et allait illustrer la famille des Lacour.
Marchand comme son père, Jean-Baptiste Lacour fut successivement recteur de l’Hôpital Général de la Charité (1754), directeur de la Chambre de Commerce (1760), « bourgeois de Lyon » (1762), échevin (1763). Le 8 juillet 1763, « noble Jean-Baptiste de Lacour, échevin, obtenait une sentence de l’élection de Lyon lui assurant la jouissance des privilèges et exemptions accordés par nos rois à la noblesse du royaume ». En 1764, il est directeur-échevin, c’est-à-dire en réalité président de la Chambre de Commerce et prévôt des marchands, deux charges fort prisées dans la grande cité commerçante.
C’est ce Jean-Baptiste Lacour qui acquit Mont-Luzin le 19 mars 1762. Lorsqu’il mourut le 23 juillet 1793, sa veuve devint propriétaire du domaine.
On était en pleine Révolution, le domaine fut bientôt mis sous séquestre par les autorités civiles. Pourtant, le 18 septembre 1793, un des fils Lacour, Louis, obtint d’être nommé « gardiateur » de Mont-Luzin par le conseil général de la commune de Chasselay. Il était absent lorsque, quelques jours plus tard, le 10 octobre, le 8ème bataillon des Volontaires de la Côte d’Or, envahit Mont-Luzin, brisa les scellés qui y avaient été apposés, et pilla la demeure, en particulier la cave et le cellier. Le 10 janvier 1794, Louis Lacour obtint l’adjudication de la ferme, du jardin et du verger de Mont-Luzin, et d’une partie de la récolte de la vendange, le tout pour 200 livres. Le 19 mars 1795, le frère aîné de Louis, Joseph-Augustin, demandait, au nom de sa mère, la main levée du séquestre de Mont-Luzin et l’obtint. Mont-Luzin redevenait la propriété de Joseph-Augustin Lacour.
De son second mariage avec Jeanne-Hélène Lambert, Joseph-Augustin eut trois filles : Césarine (25 avril 1804 – 5 février 1863), Marie-Magdeleine-Elfride (6 juillet 1806 – 12 septembre 1867), Marie-Sabine (6 avril 1809 – 10 novembre 1868) [cet ordre des naissances et des décès des Demoiselles Lacour est certain d’après les actes officiels. Il convient donc de rectifier les erreurs qui se sont glissées dans maints récits de l’affaire du don de Mont-Luzin à la Congrégation des Sœurs de Nevers. Cf. J. Beyssac, Généalogie de JB Lacour, 1902.]