Famille de Saint Joseph

Entrer dans la joie

par | 17 juillet 2006

ยซ Quโ€™est-ce que la joie ? ยป

Voilร  bien le genre de question dont la rรฉponse semble รฉvidenteโ€ฆ jusquโ€™ร  ce quโ€™on nous la pose !

Rassurez-vous, les philosophes eux-mรชmes ne sont pas tombรฉs dโ€™accord sur une dรฉfinition. Celle proposรฉe par Descartes est cependant assez large pour pouvoir รชtre retenue comme point de dรฉpart : ยซ La joie est une agrรฉable รฉmotion de lโ€™รขme en laquelle consiste la jouissance quโ€™elle a dโ€™un bien. ยป Disons quโ€™il sโ€™agit pour notre auteur dโ€™un des รฉtats fondamentaux de la sensibilitรฉ, mais qui – ร  la diffรฉrence du simple plaisir ou du bien-รชtre – affecte toute notre conscience et nous oriente positivement vers lโ€™avenir.

Un autre philosophe, Spinoza, nous soumet une proposition plus รฉlaborรฉe : ยซ La joie est le passage de lโ€™homme dโ€™une moindre ร  une plus grande perfection ยป. La joie comme ยซ passage ยป me semble une idรฉe intรฉressante : nโ€™รฉclate-t-elle pas ร  chaque victoire sur ce qui sโ€™oppose ร  la croissance de la vie ? Cette approche a aussi lโ€™intรฉrรชt de souligner que la joie de Pรขque est bien le paradigme de toute joie vรฉritable.

Poussant plus loin sa rรฉflexion, Spinoza distingue une joie toute particuliรจre : lโ€™amour. Quโ€™est-ce en effet quโ€™aimer selon notre auteur ? ยซ Lโ€™amour est une joie quโ€™accompagne lโ€™idรฉe dโ€™une cause extรฉrieure. ยป Le propre de lโ€™amour, son essence, serait donc de se rรฉjouir ร  la pensรฉe de lโ€™รชtre aimรฉ, de se rรฉjouir du seul fait quโ€™il existe, gratuitement, sans rien chercher ou attendre pour soi de cette relation. Le philosophe nโ€™exprime-t-il pas ici une des intuitions โ€“ peut-รชtre mรชme une des exigences – les plus profondes de notre cล“ur sur la nature de lโ€™amour vรฉritable ?

Le Dieu dโ€™amour ne peut รชtre que lโ€™accomplissement de ce pressentiment : notre Seigneur ne cesse de penser ร  nous gratuitement, de prononcer notre nom avec dรฉlice, et cโ€™est lร  toute sa joie :

ยซ Et maintenant, ainsi parle le Seigneur, celui qui t’a crรฉรฉ, Jacob, qui t’a modelรฉ, Israรซl. Ne crains pas, car je t’ai rachetรฉ, je t’ai appelรฉ par ton nom : tu es ร  moi. Car je suis le Seigneur, ton Dieu, le Saint d’Israรซl, ton sauveur. Tu comptes beaucoup ร  mes yeux, tu as du prix et je t’aime ยป (Is 43, 1-4).

Si lโ€™amour peut naรฎtre spontanรฉment dans nos pauvres cล“urs – pourtant si malades – ร  la vue dโ€™un enfant, si nous parvenons ร  nous rรฉjouir gratuitement sur le berceau dโ€™un nourrisson, comment douter que notre Dieu ร  chaque instant se penche sur nous avec toute la Tendresse de son Cล“ur de Pรจre, de Mรจre, de Frรจre et dโ€™Epoux ?

ยซ Comme un jeune homme รฉpouse une vierge, ton bรขtisseur t’รฉpousera. Et c’est la joie de l’รฉpoux au sujet de l’รฉpouse que ton Dieu รฉprouvera ร  ton sujet ยป (Is 62, 5).

Dรจs lors, qui pourra nous ravir notre joie ? Bien plus : cette joie jaillissant de la conscience de lโ€™amour de Dieu pour nous, ne serait-elle pas un pressentiment de la bรฉatitude, cette Joie divine qui est notre hรฉritage ?

Que le Seigneur nous enseigne le chemin de la charitรฉ, afin que puisant dans la certitude de son Amour, la force dโ€™aimer nous aussi de faรงon dรฉsintรฉressรฉe, nous entrions dans la joie, humble et discrรจte, mais toute divine, qui rรฉgnait au sein de la sainte Famille de Nazareth.

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