C’est en 1930 que naît Anton Szandor LaVey (1930-1997), fondateur de la Church of Satan – l’Eglise de Satan. L’histoire de sa vie est devenue un véritable mythe tant le personnage s’est plus à la romancer. Ainsi en 1945 (alors qu’il était âgé 15 ans), il serait parti en Allemagne sur l’invitation d’un oncle qui travaillait pour l’armée. Il en aurait conservé un goût prononcé pour le cinéma local, et y aurait développé une affinité particulière pour les films fantastiques. Cependant, dans son Enquête sur le satanisme, Massimo Introvigne nous précise qu’il n’existe aucune source indépendante validant la réalité de ce voyage.
Après la seconde guerre mondiale, LaVey prétend avoir travaillé dans le monde du cirque comme dompteur et musicien ; mais on ne trouve aucune trace de son nom dans les registres des cirques où il prétend avoir exercé ces fonctions.
Il se vante d’avoir eu une aventure avec une strip-teaseuse du nom de Marilyne Monroe ; mais l’établissement où la célèbre actrice aurait « travaillé », n’a jamais organisé ce genre de distractions ; et surtout : M. Monroe n’a jamais exercé cette profession et n’a jamais eu de relations avec le fondateur de l’Eglise de Satan.
LaVey affirme avoir travaillé comme photographe pour la police de San Francisco, ce qui l’aurait conduit à prendre d’innombrables clichés de cadavres parfois en fort mauvais état ; mais les archives concernées ne mentionne aucun employé du nom de LaVey…
Au milieu de cet amoncellement d’incertitudes fantaisistes, il est néanmoins certain que LaVey fut un passionné de films et de livres d’horreur, qu’il collectionna les instruments de torture, s’entoura de bêtes féroces, s’intéressa aux délinquants célèbres, à la magie,…
Autour de ces thèmes de prédilection, il organisait de nombreuses conférences qui lui attirèrent un public d’habitués, d’où sortirent les premiers membres de l’Eglise de Satan qu’il fonda officiellement à San Francisco, le 30 avril 1966 – Walpurgisnacht – jour anniversaire de la mort d’Hitler, marquant le début de l’an 1 de l’ère sataniste.
Il publia dans la foulée The Satanic Bible (1969) – la Bible satanique – ouvrage de référence des satanistes modernes, suivie de quelques livres complémentaires : The Compleat Witch (1970), The Devil’s Notebook (1972). Mais son œuvre la plus diffusée demeure les Satanic Rituals (1972) – les Rituels sataniques – sorte de singerie ou de parodie sataniques des sacrements et rites chrétiens accompagnant les grandes étapes de la vie. On y découvre les symboles sataniques désormais devenus classiques : croix inversées, imagerie du diable, pentagrammes et autre symboles occultes inversés, etc.
LaVey assurait lui-même la publicité de son organisation par des initiatives provocantes en tout genre, allant jusqu’à se déguiser en diable pour intriguer la presse.
Mais l’Eglise de Satan allait connaître une médiatisation bien plus efficace avec l’intégration dans ses rangs de l’actrice Jayne Mansfield, du musicien Sammy Davis Jr, du cinéaste Kenneth Anger (ces informations sont tirées de l’Enquête sur l’existence des anges rebelles d’Edouard Brasey) et de Charles Manson – mais l’appartenance de ce dernier au satanisme est controversée. On se souvient que LaVey fut également conseiller pour le film Rosemary’s Baby de Roman Polanski.
Autant de références qui permirent d’assurer la promotion de ce qui se présente comme une véritable « religion », diffusant l’idéologie d’une société dans laquelle l’homme se serait enfin libéré de tous ses tabous et de toutes ses peurs, et pourrait enfin vivre pleinement ses instincts naturels, trop longtemps étouffés par la morale religieuse, en particulier chrétienne.